"Le triangle vert"
L'originalité de la SAVA au Nord-Est de Madagascar ne vient pas seulement de son climat sub-équatorial qui lui permet de concentrer plus de 70% de la forêt primaire de l'île. Elle se trouve aussi dans son "statut" reconnu de capitale de la vanille, dont elle assure à elle seule près des 2/3 de la production mondiale. Zone côtière sous l'influence des alizés qui apportent des masses d'air humide, cette région n'en enregistre pas moins un fort taux d'ensoleillement car les précipitations sont essentiellement nocturnes de décembre à mars. Les meilleures périodes pour visiter la SAVA se situent entre août et décembre, et de mars à la mi-mai.

S comme Sambava
Nichée à l'embouchure de trois rivières, ce qui serait à l'origine du mot “Sahambavany”, Sambava est aussi au carrefour des routes de la SAVA au coeur même du “Triangle Vert” formé par Vohémar au Nord (à 150 km), Antalaha au Sud (à 80 km), et Andapa à l'Ouest (à 110 km). Elle associe son nom à la vanille bien sûr, mais aussi à ses immenses plantations de cocotiers. La Cocoteraie industrielle de la Soavoanio couvre une superficie de 4761 hectares s'étendant de part et d'autre de la ville de Sambava sur 60 km de côté. Elle est en mesure de produire des noix de semences hybrides très performantes, les hybrides portant leurs premiers fruits à 4 ans contre 7 à 10 ans pour les cocotiers traditionnels. Chaque mardi, le marché très haut en couleurs du quartier populaire d'Antaimby est une halte incontournable pour les photographes. Les plages de Sambava sont belles, avec la palme pour celle d'Ampandrozonana à 3 km au Sud. Les randonneurs pourront choisir les vallées de la Bemarivo avec pour point de départ Nosiarina à 20 km au Nord, ou les lacs d'Andohabe et d'Andamory avec des possibilités de descente de rivière à partir du petit village d'Antohomaro.
A comme Antalaha

Difficile pour les piroguiers de passer la barrière de récifs sans implorer (mitalaho) l'aide des dieux ! De là est venu le nom “Antalaha” que s'est donné cet ancien village de pêcheurs devenu une ville attrayante avec notamment ses constructions de boutres et sa taillerie de pierres semi-précieuses. Pour admirer son site, rien de mieux que de rejoindre la station météo tout en haut d'une colline. Dans ce pays de la vanille vous saurez tout sur cette orchidée de culture à la station de recherche sur la piste de Maromandia. Les amateurs de trekking peuvent s'adonner à leur sport favori dans les vallées encaissées de la rivière Ankavanana. Mais c'est surtout d'Antalaha qu'une piste de 40 km mène à travers la forêt primaire jusqu'à Cap Est. Retour à la nature garanti… Car Antalaha est aussi une “porte d'entrée” du Parc National de Masoala : 230.000 hectares de zones protégées constituées d'un vaste parc terrestre et de trois parcs marins qui ont pour noms Tampolo, Ambodilaitry et Ifaho. Des pistes permettant de mémorables randonnées d'Ouest en Est ou longeant la Péninsule. Un véritable sanctuaire d'espèces végétales ou animales rares et parfois uniques. Entre la SAVA et la Baie d'Antongil, l'osmose est, c'est le cas de le dire, naturelle…

V comme Vohemar
Fondée au IXème ou au Xème siècle par des vagues successives d'immigrants arabes, Vohémar cumule un passé de vieille cité islamique qui a aussi reçu beaucoup d'apports de la lointaine Asie. Son nom peut d'ailleurs signifier aussi bien de “nombreux villages” que de “nombreux squelettes”, des nécropoles y ayant été mises au jour. Aussi étrange que cela puisse paraître, la principale richesse de Vohémar est le zébu. Mais c'est aussi un petit port d'attache intéressant pour les amateurs de sorties en mer. A km au Sud, le lac d' Andranotsara est sacré, car ses crocodiles sont d'anciens villageois qui virent leur hameau transformé en lac à la suite d'un cataclysme. A certaines heures, ses eaux offrent de beaux reflets mouvants par le jeu de la lumière du jour sur les algues de ses fonds. Mais Vohémar se conjugue aussi au futur proche dans l'attente de la réhabilitation de la route la reliantà Ambilobe, qui désenclavera définitivement la SAVA par la voie terrestre.
A comme Andapa

Le nom d'Andapa qui signifie "au palais" ou "au poste de commandement" nous fait remonter le temps, jusqu'aux expéditions du Roi Radama qui construisit un camp à Andapakova un peu au Sud de la ville actuelle. Andapa est blottie dans une cuvette fertile que surplombent les massifs de Marojejy et d' Anjanaharibe, et qui est le véritable grenier de toute la SAVA avec ses quelque 13.000 hectares de rizières. La colline d'Anjiabe est le meilleur belvédère pour embrasser du regard l'agencement et l'étendue des parcelles rizicoles. Une belle route de montagne de 110 km relie Andapa à Sambava à travers les forêts de Marojejy et le tracé de la rivière Lokoho. La réserve spéciale d'Anjanaharibe se trouve à 40 km au Sud Ouest d'>Andapa< sur la route de Bealanana. Elle est la limite géographique septentrionale de l'Indri qui est le plus grand lémurien de l'île, et abrite des espèces propres au Nord Est comme l'Eurycère de Prevost ou "Siketribe", emblème de Marojejy, ou le Propithèque Soyeux ou “Simpona”. C'est aussi ici qu'a été redécouvert en 1994 le Takhtajania Perrieri, une plante à fleurs qui existait déjà il y a 120 millions d'années.
Marojejy la “Sacrée Montagne” a été qualifié par le Professeur Humbert du Muséum de Paris de plus majestueux des massifs de Madagascar. Situé entre Sambava et Andapa, son Parc National est le gardien d'un écosystème montagnard qui a su rester intact. La couverture végétale de Marojejy consiste en une superposition de 5 types de forêts. Dans ce décor grandiose, le choix d'itinéraires de trekking commence à 50 m d'altitude pour finir dans les nuages…
Texte : Thompson Andriamanoro
Photos Pierre-Yves Babelon
Remerciements à Marie-Hélène Kha Hyo, "Macolline" à Antalaha.