"Un lagon vert éméraude"

Balayé par un fort vent d'alizé appelé Varatraza, qui souffle de façon constante de juin à octobre, la région de Diego Suarez n'est pas en soi une destination balnéaire. Les amateurs de Windsurf et autre Kitesurf ne s'y sont pas trompés et trouvent sur les plages paradisiaques de l'Océan Indien de superbes spots pour s'y essayer. Seul un petit lagon résiste, protégé par une barrière de corail et tend à donner à la région ses lettres de noblesse. Au départ de Ramena, les boutres à voile latine, héritage des premiers marins venus du Moyen-Orient, quittent ce petit village de pêcheurs pour emmener les amateurs de sable blanc vers le superbe lagon de la Mer d'Emeraude.

Ces boutres traversent dans sa longueur la « grande passe », puis se dirigent vers la « petite passe », le plus court chemin pour rentrer dans le lagon. Les marins surveillent de près la marée, car malgré le faible tirant d'eau de leur boutre, les patates de corail disséminées ça et là en ferment parfois l'accès, et il n'est pas rare de voir quelques novices plantés là, au milieu de cette passe attendant patiemment la montée des eaux. Le lagon se découvre enfin, surprenant par la couleur de ses eaux chaudes. Le sable blanc du fond marin et la faible profondeur lui donnent une couleur verte émeraude, dans lesquels nagent tranquillement les tortues et les raies. Long de 8 kilomètres pour 2 de large, cette immense étendue verte, protégée des vagues de l'océan Indien par une barrière de corail, et fermé l'ouest par la presqu'île de Babaomby, où trône fièrement une forêt originelle que dominent par leur taille imposante les baobabs Suarezensis et Magascarensis.
C'est sur l'un de ses deux grands îlots « Nosy Suarez » et « Nosy Diego », que les marins viennent beachter leur boutre, pour organiser de mémorables pique-niques, composés de poissons frais accompagnés de riz au coco, sans oublier l'éternel punch coco, qui ravi les amateurs d'émotions authentiques. Autrefois, les fonds marins autour de l'îlot étaient de merveilleux aquariums vivants, la sur pêche, notamment des poulpes, a détruit de nombreux coraux, obligeant les amateurs à plonger plus profond et plus loin.
Le lieu garde néanmoins un charme sauvage, troublé par un vol de sternes, où la couleur du ciel tranche avec celle d'un lagon vert émeraude. Une découverte inoubliable, qui reste dans la mémoire des hommes.
Texte : : Peter Gregor
Photos Pierre-Yves Babelon
Remerciements à Grand Hotel Diego Suarez, Babaomby Island Lodge